Autrefois nous étions des enfants...
Autrefois
Autrefois nous étions des enfants, puis nous nous fîmes maîtres.
Nous oubliâmes alors l'innocence et la joie, nous voulions tout avoir
L'amour comme la gloire et les métaux précieux nécessaires au paraître
Oublieux de nous mêmes, superbes et vaniteux, avides de savoirs
De la terre ou des airs, des profondeurs des mers, il fallait tout soumettre
Nous conquîmes le monde ne laissant ignoré aucun des territoires
A notre volonté tout devait se plier, l'exception ne se pouvait admettre
Nous nous fîmes grands et forts et orgueilleux aussi et assez pour nous croire
A l'image des dieux sachant tout pouvant tout Dieu dans notre miroir
Se faisait reconnaître étincelles du divin nous nous fîmes ses grands prêtres
De l'herbe des champs du buisson d'aubépine aux forêts de chênes noirs
Devant nous ce qui vit à notre tribunal avait à comparaître
De l'infime ciron, du grand panda de chine aux plus puissantes bêtes
Au critère de l'utile chacun était pesé sa valeur sa vie sur une grande écritoire
Etaient dûment notées et malheur à celui qui aux yeux de ses maîtres
Passait pour nuisible ou bien pour un gêneur car c'est le dépotoir
La tombe ou bien le feu qui scellait l'avenir de la ronde des êtres
Si la diversité fit de nous des hommes nous devinrent sans mémoire
Consacrés à l'oubli méprisant les leçons laissées par nos ancêtres
Nous perdîmes le sens négligeâmes nos devoirs à nous même faisant tort
Saccageant toute vie, engendrant le désert, le néant et la mort
Et c'est peut-être ici aux plus noirs instants que dans son cœur durci
Se manifeste enfin la noblesse de l'homme à travers ses veilleurs
Ses porteurs d'espérance, éternels optimistes réveils de nos consciences
Ils nous montrent du doigt la richesse des possibles pour un monde meilleur
Un monde du partage, de l'échange et du don, provoquant l'émergence
D'intelligence et d'amour pour l'explosion nouvelle d'exubérante vie