les passants
LES PASSANTS
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, je t'attends
Une lumière d'incendie
Embrase le soir d'automne
La guerre enfin finie
Je redeviens un homme
Les fiacres et les chevaux
Martèlent les pavés
Du bruit de leurs sabots
Et de leurs roues ferrées
Lorsque je suis parti
Tu m'as dit j'attendrai
Je t'attends aujourd'hui
Au café de la paix.
Tu m'as dit attends moi
A l'entour de quinze heure
Place de l'opéra
Mais il est dix huit heures
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, je t'attends
La neige sale de l'hiver
Sous les pneus des voitures
Eclabousse les boulevards
Et crotte les chaussures
Le Paris des germains
N'est plus qu'un souvenir
Les caves de St Germain
Sont grosses de l'avenir
Mes traits se sont fanés
Mon corps s'est alourdi
Je ne cesse d'espérer
As-tu quitté Paris?
Le café de la paix
Va tirer ses rideaux
Demain je reviendrai
Même s'il ne fait pas beau
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, je t'attends
Partout dans la cité
La vigueur du printemps
Donne envie de rêver
Et de changer les temps
Barricades et pavés
Nanterre et Billancourt
Etudiants et ouvriers
Fraternisent, font l'amour
Les rides sur mon front
L'avenir révoqué
Me soufflent qu'ils ne feront
Qu'inventer le passé
Du café de la Paix
Tu n'as pas approché
Tu es seule à compter
Dois-je encore espérer?
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, je t'attends
Le soleil de l'été
Brûle façades et toits
La musique yéyé
Fait taire flûtes et hautbois
Consomme surtout tais-toi
Sont à l'ordre du jour
Le bonheur et la joie
Sont à toi pour toujours
Tant de temps a passé
Depuis qu' je suis parti
Mon costume est froissé
Et mes cheveux sont gris
A notre rendez-vous
Vous n'êtes pas venue
Peut-être y étiez vous?
Vous aurais-je reconnue?
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, je vous attends
Le froid vif de novembre
Les feuilles que vent emporte
Recroquevillent l'indigent
Aux coins des grandes portes
La misère est partout
Et l'arrogance aussi
Pour gagner quelques sous
L'homme retombe en folie
Le concert des nations
Fait sonner la discorde
La mondialisation
Ajoutant au désordre
Vous souvenez vous
De nos premiers émois?
Où donc êtes vous?
Repensez vous à moi?
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, tu m'attends
Tout le reste est égal
Tu es enfin venue!
Ton visage est très pâle
Et tes mains sont menues
Tu m'as dit d'un ton sombre
Que t'importent à présent
Les illusions du monde
Ses longs cris et ses chants?
Nous avions rendez-vous
Mais à l'heure qui est mienne
Je fais tourner la roue
C'est une vieille antienne
N'aie point peur et suis moi
Depuis ton premier jour
Mon amour est pour toi
Et je t'aime pour toujours
Négligeant tout espoir
Le corps gauche et pesant
De la longue dame en noir
J'ai suivi le pas lent
Les gens passent en bavardant
Assis à la terrasse, un autre attend…